Wednesday, June 06, 2007

Nouveau lifting de la diplomatie algérienne.

Le président Abdelaziz Bouteflika vient de reconduire le gouvernement dirigé par Abdelaziz Belkhadem sans surprise notoire, avec néanmoins un changement de quatre ministres, dont le plus significatif est celui des Affaires étrangères. Ainsi donc, Mohamed Bedjaoui, nommé en 2005 à la tête de la diplomatie algérienne, quitte-t-il son poste que Mourad Medelci occupera désormais.Ainsi donc, l'irréductible «faucon», le parangon de l'anti-marocanisme , le «faiseur» avec quelques autres, de «l'affaire du Sahara», se voit-il remplacé par un originaire de Tlemcen comme lui, mais plus enclin à recadrer les problèmes sous la dimension économique et financière et moins porté sur les logomachies.Mourad Medelci, soixante-quatre ans, n'a jamais appartenu au FLN. Il est expert de l'économie et des finances, il a été cinq fois ministre (commerce, budget, finances) et même conseiller en 2005 du président algérien.Le profil n'est pas celui d'un «baron» de la politique ou du sérail du FLN. Il peut à la limite s'apparenter à celui d'un technocrate, car il est à l'origine un mathématicien, avant d'embrasser la carrière d'un économiste. Qu'il ait été choisi pour diriger la diplomatie algérienne, et surtout pour remplacer Mohamed Bedjaoui, peut en effet constituer un signal important. L'Algérie, qui est détentrice d'une manne pétrolière équivalente à quelque 150 milliards de dollars, entend de plus en plus réorienter ses priorités sur des projets de développement. Et, surtout, attirer les investissements extérieurs, réaliser des partenariats, ouvrir son économie aux entreprises étrangères, enfin «relooker» l'image d'un pays autarcique. C'est, en somme, la mise en œuvre d'une diplomatie économique. On peut aussi considérer que le départ de Mohamed Bedjaoui signifie que la priorité n'est plus au dogmatisme idéologique, mais à la coopération. Or, Mourad Médelci , né à Tlemcen , à quelques encablures d'Oujda, est connu pour son « idéalisme maghrébin ». Une telle caractéristique ne laissera nullement indifférents les voisins de l'Algérie. En 1993, Mourad Medelci avait coprésidé à Marrakech une rencontre de plus 1000 chefs d'entreprises et y avait prononcé une grand discours, une sorte de plaidoyer pro domo pour l'unité du Maghreb et sa réalisation par le biais des entreprises et de l'économie. De ce fait, à défaut de l'épuisante politique, ne convient-il pas d'y voir effectivement comme la «voie étroite» pour aller de l'avant sur le sentier de l'édification du Maghreb ? Le départ d'un Bedjaoui dont l'hostilité au Maroc reste légendaire, ne constitue-t-il pas un signal, ténu et fragile, mais évident ? S'inspire-t-il du réalisme, du pragmatisme ou simplement de la lucidité ?
ALM 06/06/2007

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