Sunday, December 03, 2006

Algérie: de hauts responsables de l'Etat sont corrompus ,selon Soltani

Aboudjerra Soltani affirme toutefois qu’il ne sait pas si la justice divulguera ces noms ni quand elle fera. Après ses précédentes déclarations sur ce sujet, M. Soltani jette un énorme pavé dans la mare qui risque d’éclabousser beaucoup de monde.

Et comme il s’agit de hauts responsables de l’Etat, M. Soltani devrait donc les côtoyer quotidiennement. L’homme, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse organisée au siège de son parti, dont le seul ordre du jour était la corruption, semble savoir de quoi il parle tenir.

Il donne également l’impression de ne pas vouloir – ou de ne pas pouvoir – citer nommément ceux qu’il accuse de corruption. Pour rappel, M. Soltani a déjà déclaré, lors d’un passage à la radio nationale, que «la majorité des fortunes des responsables algériens sont inscrites sous de prête-noms».

Après les derniers attentats terroristes ayant touché la banlieue est d’Alger, M. Soltani n’a pas hésité à déclarer que «la mafia est derrière ces attentats». Interpellé une autre fois par les journalistes lors de la réunion des instances de son parti, il y a quelques jours à Zéralda, concernant «les preuves de ce qu’il dit», le même Soltani avait assuré qu’il ne «parlait pas dans le vide».

«Menaces» brandies à l’approche d’échéances électorales importantes en direction d’adversaires politiques, sur lesquels M. Soltani détiendrait des preuves compromettantes ? Peur de toucher «de gros morceaux» au sein du régime, dont «l’accusateur» n’ignore pas le poids, ou tout simplement campagne électorale avant la lettre ? Difficile d’expliquer la démarche du leader du MSP qui semble ne pas dire tout ce qu’il sait.

Plus troublant encore est le silence complet affiché par les autorités à l’égard de propos graves, tenus pourtant par un ministre d’Etat. M. Soltani rejette tout cela et assure n’être guidés, lui et son parti, que par le seul souci de mettre fin, ou du moins atténuer, ce fléau qui menace jusqu’aux fondements de l’Etat.

«La lutte contre la corruption est l’affaire de tous, et n’est aucunement un objet de luttes partisanes ni de manœuvres politiciennes ou autre campagne électorale», a-t-il assuré. «Il n’est donc pas question pour nous de laxisme, de changement de position ou de détourner la bataille du carré de la lutte anticorruption pour instaurer des discours qui nous rappellent la langue de bois», a ajouté M. Soltani à l’adresse de ses éventuels détracteurs.

C’est dans ce contexte que la campagne «stop à la corruption», lancée officiellement à l’occasion de cette conférence de presse, trouve assurément son écho. Le madjliss echoura du MSP vient de mettre en place, en effet, une commission qui installera à son tour une «instance nationale ouverte» pour la lutte contre la corruption.

C’est sous le slogan «pas d’immunité pour ceux qui détournent les biens du peuple» que le parti de feu cheikh Nahnah introduit sa campagne. L’entame choisie par le ministre d’Etat met à mal l’alliance présidentielle et risque d’emporter avec elle la coalition gouvernementale.Les grandes manœuvres ont commencé.
(le jeune indépendant)

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